Les erreurs courantes à éviter quand on investit dans les ETF

Pendant 12 ans, j’ai vendu des produits financiers. Des contrats d’assurance-vie aux placements structurés, j’ai vu défiler dans mon bureau des centaines d’épargnants, parfois perdus, souvent méfiants. Et je les comprends : le monde de la finance, c’est un peu comme un labyrinthe avec des pièges à chaque coin.

Aujourd’hui, je ne suis plus de l’autre côté du bureau. Et ce que je vais vous raconter, c’est ce que j’aurais aimé dire à mes clients quand j’étais encore conseiller.

Les ETF (Exchange-Traded Funds, ou trackers en bon français), c’est devenu le placement tendance. Simple, accessible, pas cher. Sur le papier, c’est parfait. Dans la vraie vie, j’ai vu tellement d’investisseurs débutants se planter qu’il était temps de mettre les points sur les i. Parce que oui, les ETF, c’est bien. Mais mal utilisés, ça peut vous coûter cher.

Erreur n°1 : acheter un ETF sans savoir ce qu’il y a dedans

Vous acheteriez une voiture sans regarder sous le capot ? Non. Alors pourquoi le faire avec votre argent ?

Trop de gens voient « ETF World » ou « ETF Tech » et se disent : « Ah super, j’investis dans le monde entier ! » ou « Génial, je mise sur la tech ! ». Sauf que deux ETF qui portent le même nom peuvent être complètement différents.

Prenons un exemple concret : vous voulez investir dans un ETF World. Vous tombez sur deux options. Le premier suit le MSCI World (environ 1 500 entreprises dans les pays développés). Le second suit le FTSE All-World (qui inclut aussi les marchés émergents). Résultat : des expositions géographiques différentes, des secteurs différents, des risques différents. Et pourtant, les deux se disent « World ».

Selon Morningstar, l’un des leaders mondiaux de l’analyse financière, 68% des investisseurs débutants commettent au moins une erreur majeure lors de leurs premiers investissements ETF, réduisant leur performance de 2 à 3% annuellement. Et ça commence souvent par là : ne pas vérifier la composition exacte du fonds.

Ce qu’il faut regarder :

  • La fiche produit de l’ETF (disponible sur le site de l’émetteur)
  • Les 10 premières positions (elles représentent souvent 20-30% du portefeuille)
  • La répartition sectorielle et géographique
  • Le nombre de titres dans le fonds

Mon conseil d’ancien banquier : avant d’acheter, passez 10 minutes sur le site de l’émetteur (iShares, Amundi, Vanguard…). Téléchargez la fiche technique. Lisez-la. Vraiment.

Erreur n°2 : se focaliser uniquement sur les frais de gestion (TER)

« Celui-là a 0,07% de frais, l’autre 0,20%. Je prends le moins cher ! »

Logique, non ? Sauf que c’est une erreur classique. Les frais de gestion (TER – Total Expense Ratio) ne disent pas tout.

Le vrai indicateur à surveiller, c’est la tracking difference. C’est l’écart entre la performance de l’ETF et celle de son indice de référence. Et là, surprise : un ETF avec un TER bas peut avoir une tracking difference plus élevée qu’un concurrent plus « cher » en apparence.

Comme l’explique ETF.com, référence mondiale du secteur, le TER est important, mais c’est la tracking difference qui détermine combien vous allez vraiment gagner ou perdre. Sur le site spécialisé TrackingDifferences.com, vous pouvez d’ailleurs comparer les écarts réels des ETF sur plusieurs années.

Exemple réel : un ETF MSCI World avec un TER de 0,20% et une tracking difference moyenne de 0,05% vous coûtera réellement moins cher qu’un ETF concurrent affichant 0,12% de TER mais 0,18% de tracking difference.

Pourquoi ces écarts ? Plusieurs raisons :

  • Les frais de transaction pour acheter/vendre les actions de l’indice
  • La gestion des dividendes (délai avant réinvestissement = « cash drag »)
  • Les coûts de rééquilibrage quand l’indice change de composition
  • La liquidité des titres

Mon conseil : sur extraETF.com ou JustETF, vous pouvez consulter la tracking difference historique des ETF. Visez des fonds avec une tracking difference stable et faible sur au moins 3-5 ans.

Erreur n°3 : essayer de « timer » le marché

« J’attends que ça baisse pour acheter. »

Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu ça. Et vous savez ce qui se passait ? Soit le marché montait et la personne ne rentrait jamais. Soit il baissait, mais pas assez à son goût, et elle attendait encore. Résultat : elle restait sur le banc de touche.

Les ETF, ce n’est pas du trading. C’est un investissement long terme. Vouloir anticiper les mouvements du marché, même les pros n’y arrivent pas.

Une étude sur plusieurs décennies montre que les investisseurs qui essaient de timer le marché finissent souvent par acheter trop haut (quand tout le monde est optimiste) et vendre trop bas (quand la panique s’installe).

La solution qui marche : le DCA (Dollar Cost Averaging), ou investissement programmé en français. C’est simple : vous investissez le même montant tous les mois, peu importe si le marché monte ou descend.

Exemple : vous mettez 200€ par mois dans un ETF World.

  • En janvier, le prix est à 100€ → vous achetez 2 parts
  • En février, le prix monte à 120€ → vous achetez 1,67 parts
  • En mars, le prix descend à 90€ → vous achetez 2,22 parts

Sur 3 mois, vous avez moyenné votre prix d’achat à environ 101€. Si vous aviez tout mis en janvier, vous seriez à 100€. Si vous aviez attendu mars, vous seriez à 90€. Mais vous ne pouviez pas le savoir à l’avance.

Le DCA, c’est la discipline incarnée. Pas de stress, pas d’émotions, juste de la régularité. Comme le confirme Café de la Bourse, site de référence en France pour l’investissement, cette stratégie permet de lisser les variations et de s’affranchir des émotions.

Erreur n°4 : croire qu’un ETF = zéro risque

« C’est diversifié, donc c’est safe, non ? »

Oui et non. Un ETF réduit le risque spécifique (la faillite d’une entreprise individuelle). Mais il ne vous protège pas du risque de marché.

Si vous achetez un ETF CAC 40 et que le marché français plonge de 30%, votre ETF plongera aussi. Si vous achetez un ETF tech et que les valeurs technologiques s’effondrent, vous suivrez le mouvement.

Les ETF ne sont PAS des produits garantis. Votre capital peut baisser. Parfois beaucoup. En 2020, pendant le Covid, certains ETF ont perdu 30-40% en quelques semaines. Ils ont remonté ensuite, certes, mais le choc était là.

Ce qu’il faut comprendre :

  • Un ETF World diversifié ne peut pas tomber à zéro (pour ça, il faudrait que 1 500 entreprises mondiales fassent toutes faillite simultanément)
  • Mais il peut perdre 20-30% en période de crise
  • Historiquement, les marchés remontent sur le long terme (10-20 ans), mais personne ne garantit l’avenir

Mon conseil d’ancien banquier : n’investissez en ETF que l’argent dont vous n’aurez pas besoin avant 5-10 ans minimum. Et gardez toujours une épargne de précaution (3-6 mois de dépenses) sur un Livret A ou un fonds euros.

Erreur n°5 : sur-diversifier ou sous-diversifier

Là, c’est le paradoxe. Certains achètent 15 ETF différents en pensant « plus je diversifie, mieux c’est ». D’autres mettent tout sur un seul ETF sectoriel parce que « la tech, c’est l’avenir ».

Le problème de la sur-diversification : vous diluez votre performance et vous compliquez votre gestion pour rien. Si vous avez un ETF World, un ETF Europe, un ETF USA, un ETF émergents, un ETF tech, un ETF santé… vous vous retrouvez avec des doublons partout. Apple sera dans 4 de vos ETF. Microsoft aussi. Résultat : vous ne diversifiez plus, vous empilez.

Le problème de la sous-diversification : tout miser sur un seul secteur ou une seule zone géographique, c’est prendre un risque énorme. En 2000, ceux qui n’avaient que de la tech ont perdu 70-80% de leur capital. En 2008, ceux qui n’avaient que de l’immobilier ont souffert.

La règle d’or : pour un investisseur débutant, 2 à 4 ETF suffisent largement.

Exemple de portefeuille simple et efficace :

  • 80% ETF MSCI World (ou FTSE All-World) → exposition mondiale diversifiée
  • 20% ETF obligations ou ETF émergents → selon votre profil de risque

Ou encore plus simple :

  • 100% ETF FTSE All-World → vous avez déjà le monde entier (pays développés + émergents) dans un seul fonds

Selon extraETF.com, plateforme européenne spécialisée dans l’analyse des ETF, un portefeuille devrait viser un équilibre entre risque et rendement. Cela peut être atteint très facilement avec des ETF suffisamment diversifiés dans différentes classes d’actifs.

Erreur n°6 : ignorer l’enveloppe fiscale

Ça, c’est mon dada d’ancien conseiller. Trop de gens achètent un ETF sans se demander : « Je le mets où ? »

En France, vous avez plusieurs options :

  • PEA (Plan d’Épargne en Actions) : fiscalité avantageuse après 5 ans (17,2% de prélèvements sociaux uniquement), mais limité à 150 000€ et aux ETF éligibles (souvent à réplication synthétique)
  • Compte-titres ordinaire (CTO) : accès à tous les ETF, mais fiscalité de 30% (flat tax) sur les gains
  • Assurance-vie : fiscalité dégressive avec le temps, excellent pour la transmission, mais choix d’ETF parfois limité selon les contrats
  • PER (Plan Épargne Retraite) : déduction fiscale à l’entrée, mais argent bloqué jusqu’à la retraite

Exemple concret : si vous mettez 10 000€ dans un ETF et que vous faites +50% (soit 5 000€ de gain), voici ce que vous paierez selon l’enveloppe :

  • PEA après 5 ans : 860€ de prélèvements sociaux
  • CTO : 1 500€ de flat tax
  • Assurance-vie après 8 ans : environ 1 235€ (abattement de 4 600€ pour un célibataire)

La différence peut grimper à plusieurs milliers d’euros sur une vie d’investisseur. Comme le souligne Arkefact, cabinet de gestion de patrimoine reconnu, « une étude préalable du cadre fiscal adapté à son profil d’investisseur est essentielle avant de se lancer. »

Mon conseil : commencez par un PEA si vous visez le long terme. C’est l’enveloppe la plus avantageuse fiscalement en France pour les actions.

Erreur n°7 : paniquer et vendre au pire moment

Mars 2020. Le Covid débarque, les marchés s’effondrent. J’ai vu des investisseurs vendre leurs ETF à -30% en se disant « je limite la casse ». Trois mois plus tard, les marchés avaient récupéré. Un an après, ils étaient en hausse.

C’est humain : quand on voit son portefeuille perdre 20%, on a peur. Mais vendre à ce moment-là, c’est transformer une perte virtuelle en perte réelle.

Les émotions sont votre pire ennemi :

  • La peur vous fait vendre trop tôt
  • La cupidité vous fait acheter trop tard
  • Le FOMO (fear of missing out) vous fait courir après les modes

Selon Investissements Faciles, site de référence pour l’éducation financière, « les investisseurs qui essaient de timer le marché finissent fréquemment par acheter trop haut et vendre trop bas. » C’est prouvé par des dizaines d’études comportementales.

La solution : avoir un plan et s’y tenir.

  • Définissez votre horizon d’investissement (10 ans ? 20 ans ?)
  • Acceptez la volatilité comme normale (les corrections de 10-20% arrivent régulièrement)
  • Ne regardez pas votre portefeuille tous les jours (une fois par trimestre suffit)

Mon conseil : écrivez sur papier pourquoi vous investissez et relisez ce papier quand le marché baisse. Ça aide à garder la tête froide.

Erreur n°8 : négliger les ETF à effet de levier et synthétiques

Il existe des ETF un peu… spéciaux. Les ETF à effet de levier (x2, x3) ou les ETF short (qui parient sur la baisse).

Attention, danger ! Ces produits ne sont PAS faits pour du long terme. Ils sont conçus pour répliquer la performance quotidienne d’un indice avec un multiplicateur. Problème : sur plusieurs jours, l’effet cumulé diverge complètement de ce qu’on pourrait imaginer.

Exemple : un ETF x2 sur le CAC 40 ne fera pas +20% sur l’année si le CAC fait +10%. À cause de la volatilité et de l’effet de composition, il pourrait faire +18%, +22%, ou même +15%. C’est imprévisible.

Comme l’indique Café de la Bourse, « il est conseillé de ne pas conserver les trackers Leveraged & Short en portefeuille sur une durée trop longue. »

Mon conseil : si vous débutez, évitez ces produits. Restez sur des ETF classiques à réplication physique.

Erreur n°9 : oublier de rééquilibrer son portefeuille

Imaginons que vous décidiez d’un portefeuille 70% actions / 30% obligations. Au bout de deux ans, avec la hausse des marchés actions, vous vous retrouvez à 82% actions / 18% obligations.

Votre profil de risque a changé sans que vous vous en rendiez compte. Vous êtes plus exposé qu’initialement prévu.

Le rééquilibrage, c’est ramener votre portefeuille à son allocation cible. Une à deux fois par an, vous vendez ce qui a trop monté et vous achetez ce qui a moins performé.

Ça paraît contre-intuitif (vendre ce qui marche bien ?), mais c’est une discipline essentielle. Vous forcez à « acheter bas, vendre haut » de manière mécanique.

Erreur n°10 : ne pas avoir de stratégie de sortie

« Je verrai bien quand j’aurai besoin de l’argent. »

Mauvaise idée. Si vous avez besoin de vos 50 000€ investis pile au moment où le marché est à -25%, vous allez pleurer.

Il faut anticiper :

  • À partir de 5 ans avant votre objectif (achat immobilier, retraite…), commencez à sécuriser progressivement
  • Transférez peu à peu vers des fonds euros, des obligations, ou un livret
  • Ne vendez jamais tout d’un coup

Exemple : vous avez 50 ans et vous voulez prendre votre retraite à 65 ans. À partir de 60 ans, vous pouvez commencer à sortir 10-20% par an de vos ETF pour les placer sur des supports plus sécurisés. À 65 ans, vous aurez déjà sécurisé 50-80% du capital, quel que soit l’état du marché.

Ce qu’il faut retenir (et appliquer)

Les ETF, c’est simple. Mais simple ne veut pas dire facile. Il y a des pièges à éviter. Et si j’avais un seul conseil à vous donner, ce serait celui-ci :

Prenez le temps de vous former AVANT d’investir.

Lisez des guides, regardez des vidéos, comparez les ETF sur extraETF.com, JustETF ou TrackingDifferences.com. Posez des questions sur des forums sérieux. Et surtout, commencez petit.

Investir 50€ par mois pour apprendre, c’est mieux que de claquer 10 000€ en se plantant dès le départ.

Les ETF peuvent vous aider à construire un patrimoine solide sur le long terme. Mais il faut les utiliser intelligemment. Pas de magie, pas de promesse de richesse rapide. Juste de la discipline, de la patience, et du bon sens.

Et si vous retenez une seule chose de cet article : n’investissez jamais dans quelque chose que vous ne comprenez pas. Jamais.


Sources utilisées dans cet article :

  • Morningstar (morningstar.com) – Leader mondial de l’analyse financière indépendante
  • ETF.com – Référence mondiale sur les ETF, détenue par VettaFi
  • TrackingDifferences.com – Plateforme spécialisée dans l’analyse comparative des écarts de suivi
  • extraETF.com – Plateforme européenne leader d’analyse et comparaison d’ETF
  • Café de la Bourse (cafedelabourse.com) – Site français de référence pour l’investissement boursier
  • Arkefact – Cabinet de gestion de patrimoine
  • Investissements Faciles (investissements-faciles.com) – Plateforme d’éducation financière francophon
Thomas Leclerc

Thomas Leclerc

Ancien conseiller bancaire reconverti, Thomas décortique retraites, impôts et aides sociales. Son crédo : l'argent, ça s'explique simplement.

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