La scène est devenue banale : on branche sa voiture le soir, on repart le matin. Entre-temps, quelques kilowattheures auront transité en silence, pour un coût au kilomètre imbattable comparé aux stations rapides.
Mais installer une borne, ce n’est pas visser un support et lancer une appli : c’est une opération électrique qui engage la sécurité du logement, l’assurance et, en copropriété, la vie collective. D’où l’intérêt de suivre un cadre légal désormais bien balisé et d’adopter une démarche propre et documentée.
Ce que prévoit la loi, concrètement
Le cap est clair : au-delà de 3,7 kW, la pose et la maintenance doivent être réalisées par un professionnel qualifié IRVE.
Cette borne, souvent appelée wallbox, est ensuite intégrée à votre tableau sur un circuit dédié, protégé par un différentiel 30 mA adapté à la recharge (type B, ou type A/F si la borne possède une détection 6 mA DC). Le tout s’inscrit dans le périmètre de la NF C 15-100, la grande règle du jeu des installations basse tension en France.
En copropriété, le fameux “droit à la prise” facilite le projet : propriétaire, locataire ou occupant de bonne foi notifient leur intention d’installer un point de charge. Le syndic peut proposer une infrastructure collective (souvent préférable), mais ne peut s’opposer qu’en cas de motif sérieux. Autrement dit : le principe est l’ouverture, pas l’obstruction.
Monophasé, triphasé, puissance : choisir sans se tromper
La tentation est grande d’aller “au plus gros”. Erreur classique. Dans un pavillon monophasé, une borne 7,4 kW couvre déjà l’immense majorité des besoins : on recharge la nuit, on retrouve 50 à 70 % de batterie d’une compacte en quelques heures, et on préserve l’abonnement.
Le triphasé (11 à 22 kW) n’a de sens que si votre compteur et votre voiture le permettent, et si vos usages l’exigent (gros kilométrage quotidien, deux véhicules électriques, temps de stationnement court).
Point souvent sous-estimé : la gestion dynamique via le Linky. Reliée à la télé-information (la prise TIC), la borne module automatiquement le courant pour ne pas dépasser la puissance souscrite à la maison. C’est ce pilotage qui évite les disjonctions quand four, PAC et recharge fonctionnent de concert.
Ce qui se passe le jour J (et ce que l’installateur sérieux fait sans qu’on lui demande)
Un dossier de pose carré commence par un repérage : photos du tableau, mesure du cheminement jusqu’à la place, vérification de la terre et de l’espace disponible pour les protections.
Le professionnel dimensionne la section des câbles selon la longueur, choisit les calibres (disjoncteur, différentiel), confirme la présence/absence de parafoudre au regard de la NF C 15-100 et de l’exposition, puis rédige un schéma (unifilaire + implantation).
La pose suit : circuit dédié au tableau, câblage protégé mécaniquement (IRL, goulotte), borne IP54/IK10 en extérieur, essais en charge à l’intensité cible, contrôle thermique des connexions, paramétrage de l’app et des heures creuses.
En fin de chantier, vous repartez avec les références des protections, le justificatif IRVE et, si nécessaire, l’attestation de conformité.
Maison individuelle ou copropriété : deux scénarios, une même logique
En maison, la trajectoire est directe pour installer une borne pour votre voiture électrique : devis comparatifs de deux ou trois installateurs IRVE, choix de la puissance au regard de votre abonnement, activation du pilotage via Linky si la borne le permet, puis mise en service et paramétrages.
En copropriété, l’histoire démarre par un courrier recommandé au syndic. Deux voies s’ouvrent alors : soit votre point individuel raccordé proprement, à vos frais et compté séparément ; soit une infrastructure collective déployée dans le parking, avec sous-comptage et accès clé en main pour les résidents.
Dans les deux cas, la facture énergétique reste la vôtre, et la traçabilité des consommations est assurée.
Combien ça coûte… et comment payer moins
Le ticket d’entrée pour une borne 7,4 kW correctement posée, avec 10 à 20 mètres de câbles et protections aux normes, oscille en pratique autour de 1 200 à 2 000 € TTC selon configuration.
En triphasé, prévoyez un peu plus, et parfois un ajustement d’abonnement si vous recherchez des vitesses élevées.
Bonne nouvelle : le crédit d’impôt couvre 75 % des dépenses dans la limite de 500 € par système, sous conditions (notamment une borne pilotable).
En collectif, ajoutez les primes ADVENIR, pensées pour l’infra collective comme pour les points individuels. Plusieurs villes, agglos et départements complètent l’enveloppe : un passage en mairie ou sur le site de votre métropole peut valoir de l’or.
Configuration | Puissance visée | Alimentation | Intérêt clé | À surveiller |
---|---|---|---|---|
Borne résidentielle standard | 7,4 kW | Monophasé | Recharge nocturne complète, coût contenu | Longueur de câble & section, gestion HC/TIC |
Borne “rapide” à domicile | 11–22 kW | Triphasé | Temps de charge réduit si véhicule compatible | Abonnement, équilibrage des phases, compatibilité véhicule |
Point individuel en copropriété | 7,4 kW (le plus fréquent) | Mono ou tri selon l’immeuble | Facturation séparée, *droit à la prise* | Cheminement protégé, sous-comptage, règles du parking |
Les détails qui font la différence sur la durée
Deux ans plus tard, on ne se souvient plus du jour de la pose… sauf si elle a été bâclée. Évitez les rallonges et multiprises (interdites pour la charge), gardez dégagé l’espace devant la borne, vérifiez de temps en temps les températures dans l’app en plein été, mettez à jour le firmware et conservez schémas, notices et attestations.
Une installation bien pensée se fait oublier, et c’est exactement ce qu’on lui demande.
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